Par Mathieu Morin, intervenant jeunesse au Centre de la Famille Valcartier
*Attention : cet article contient beaucoup de généralisations et d’exagérations!
Il était collé sur vous, ouvert et prenait une part active à la vie familiale. Du jour au lendemain, votre enfant a disparu : il passe son temps à chiller sur son cell, semble fermé comme une huître et prononce des mots qui vous font demander s’il parle une nouvelle langue. Vous avez passé des heures sur internet et avez songé à consulter un spécialiste pour expliquer ce changement soudain, puis le diagnostic tombe : votre enfant est maintenant un adolescent.
Il ne le sait pas encore, mais cette période sera à la fois la plus déconcertante et l’une des plus belle de sa vie. Le guider dans ces moments troubles sera possiblement votre plus gros défi en tant que parents. C’est un cliché : il n’existe pas de mode d’emploi et chaque jeune est unique. Voici toutefois quelques éléments qui pourraient vous pister dans la compréhension et l’accompagnement de votre nouvel ado.
L’adolescence : une transition importante
Ce qui rend votre ado si imprévisible, c’est qu’il doit développer son identité. Si vous leur posiez la question, bien des adultes auraient de la difficulté à définir qui ils sont vraiment, alors imaginez un jeune de 12, 14 ou 17 ans! Pourtant, savoir qui l’on est permet de se valoriser par ses forces et a un impact direct sur l’estime de soi.
C’est un peu à cela que sert l’adolescence : devenir un adulte responsable avec son identité propre, qui contribuera à la société et à la survie de l’espèce. Elle vient avec plusieurs changement physiques et psychologiques qui ne se font pas annoncer à l’avance. Votre enfant doit donc vivre toutes ces perturbations, mais aussi composer avec une pression sociale de plus en plus forte, répondre aux exigences académiques et se définir un futur. Apprendre à devenir soi-même passe par toutes sortes d’expériences, tests et remises en question des valeurs familiales et règles établies et, bien entendu, bien des maux de têtes pour les parents. Rassurez-vous, tout cela est normal! Il se dissociera de vous, sans toutefois perdre les manières d’être et attitudes inconscientes communes à la famille (c’est votre enfant, après tout, il n’a pas été modelé par le voisin!).
L’une des erreurs les plus courantes (pour les intervenants aussi, d’ailleurs) est de se laisser piéger par son nouveau physique et de croire que sa maturité a suivi. Il a plus de barbe que certains messieurs d’âge mûr, a dépassé son père d’une tête et sa voix n’a rien à envier à celle du chanteur de Metallica; mais ses comportements téméraires lui attirent des ennuis et ses raisonnements vous paraissent tellement immatures! C’est que les développements physiques et psychologiques ne se sont pas tout à fait concertés : l’un vient avant l’autre. Le coupable? Le cortex préfrontal, siège du raisonnement et de la prise de décision, peu empressé de se « connecter ». Courage, ça viendra… entre 20 et 25 ans!
Être parent, un rôle ingrat!
« Merci Maman et Papa de payer mes vêtements et de les laver, de préparer les repas, pour tous ces lifts d’un quartier à l’autre et de toujours passer derrière moi pour vous assurer que je n’oublie rien! » : préparez-vous à ne jamais entendre une phrase du genre pour les prochaines années. Si vous êtes chanceux, elle pourrait surgir à votre anniversaire, à la Fête des mères ou des pères et peut-être à Noël. Cette absence de reconnaissance explicite finit par démoraliser plus d’un parent, avec raison! Rassurez-vous : votre enfant est très reconnaissant et très attaché à vous, bien que ce ne soit pas toujours visible. Vous le constaterez surtout dans ses moments de fragilité : vous serez les premiers vers qui il se tournera lorsqu’il se sentira le plus vulnérable. N’ayez crainte, il vous demandera de l’aide ou un conseil lorsqu’il en aura vraiment besoin (genre, quand ça compte pour vrai!).
Pour finir, quelques conseils sur le terrain :
Voici quelques stratégies à adopter pour, comme on dit, mettre toutes les chances de votre bord avec votre adolescent:
Faites-vous confiance : Trop de parents vivent le syndrome d’imposteur lorsqu’ils réalisent qu’ils comprennent moins leur enfant. Pourtant, vous êtes les premiers experts de votre jeune. Soyez à l’écoute de vos intuitions et n’ayez pas peur de prendre des décisions. Si vous êtes en mesure d’expliquer à votre enfant pourquoi vous prenez une décision plutôt qu’une autre, c’est probablement la bonne.
Faites-lui confiance : Votre jeune aura de la difficulté à acquérir de l’autonomie et de la confiance en lui s’il n’en ressent pas de votre part. Laissez-lui prendre ses propres décisions et grandir avec ses erreurs par apprentissages, plutôt que de tout faire à sa place pour prévenir les échecs. Il en va de même pour ses activités sociales : faites-lui confiance jusqu’à preuve du contraire, dans le respect des règles établies.
Trouvez l’équilibre dans l’encadrement de votre jeune : Certains parents sont plus stricts que d’autres, ce qui est tout à fait correct. Mais comme le dit si bien l’expression « trop, c’est comme pas assez », une discipline trop stricte ou un cadre trop lousse sont contreproductifs : votre enfant risque de se rebeller ou sera très difficile à encadrer s’il ne l’a pas été auparavant. L’important est que les règles soient claires (et appliquées!) et que l’enfant les comprenne bien.
Donnez des conséquences appropriées : Votre ado comprendra davantage si la punition pour un geste répréhensible est liée à ce dernier (par ex. lettre d’excuse pour avoir insulté quelqu’un, réparation ou remboursement d’un objet brisé, nettoyage d’un graffiti, etc.). Lui donner des conséquences universelles ou démesurées fera en sorte qu’il vous obéira par peur de celles-ci plus que par compréhension.
Demandez de l’aide si requis : Il fera tout pour prouver le contraire, mais vous demeurez le premier modèle de votre ado. Être l’expert de son enfant ne signifie pas être infaillible. Accepter votre vulnérabilité et que vous n’avez pas toutes les réponses est simplement humain; et reflétera à votre ado qu’il a le droit, lui aussi, d’être imparfait. On l’est tous, de toute façon!
P.S. L’usage du masculin a pour but d’alléger le texte; mais ce qui est vrai pour un garçon l’est tout autant pour une fille!
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