Par Mathieu Morin, intervenant jeunesse au Centre de la Famille Valcartier
Ça va vite, ne trouvez-vous pas? Le monde évolue à une telle rapidité que, bientôt, personne en bas de 20 ans ne saura ce qu’est un téléphone à pitons! On exagère, ici… mais pas tant que ça. Il semble impossible de les séparer de leur écran plus de 10 minutes; à un tel point que bien des adultes, parents comme spécialistes, se demandent si cette omniprésence du numérique n’est pas devenue un problème social chez les jeunes.
Voici donc un tour d’horizon de la situation, d’un point de vue d’intervenant jeunesse. En deux parties, par souci d’économie de vos yeux et de votre temps, mais aussi car il y a tellement à dire sur le sujet! On débute en s’intéressant au phénomène virtuel de manière générale : les différentes applications, les risques et l’encadrement parental.
Difficile de s’y retrouver
Que ce soit à la maison, au travail, à l’école, pour gérer ses finances et même pour faire son épicerie, le numérique s’est invité dans chaque domaine de la vie courante; si bien que l’on est presque en marge de la société si on ne l’utilise pas assez! Les jeunes l’ont évidemment très bien compris : matin, midi, soir, à la pause, pour jouer, pour texter, pour chercher, pour regarder; sur la tablette, sur le portable, sur le cellulaire.
Pour ce qui est médias sociaux, il doit y en avoir autant qu’il existe de sortes de chips. Difficile de ne pas s’y perdre et surtout, de demeurer à jour. Facebook est-il encore votre principal média social? Si oui, vous êtes définitivement old school! On a vu passer Snapchat, Instagram, Twitter, Youtube, Pinterest, Periscope, Whatsapp et bien d’autres. Actuellement, la mode, c’est TikTok; et cela pourrait bien avoir changé entre la rédaction du présent texte et sa parution. Sachez toutefois que, si le fait de connaître les médias sociaux est un atout, il n’est pas nécessaire d’avoir suivi la parade religieusement pour être en mesure de bien encadrer son ado. Et qu’il s’agisse d’un média social, de la boîte courriel ou d’un navigateur internet, les conseils de sécurité sont les mêmes.
Éviter les pièges
Le virtuel est un outil superbement utile, facilitant et accessible, c’est pourquoi il est si populaire. Comme vous le savez, cela vient avec différents dangers, dont celui de s’exposer (soi-même, ses données personnelles, son matériel informatique, etc.) ou d’être victime d’individus malveillants. Les consignes doivent donc être très claires pour votre jeune, peu importe son application virtuelle de prédilection :
– Refuser les demandes d’ami d’inconnus et se méfier des messages « trop gentils »;
– Supprimer les courriels de sources louches (éviter de les ouvrir, d’y répondre et d’ouvrir les pièces jointes). Par exemple, une institution financière ne vous demandera jamais de rentrer des informations personnelles (NAS, mot de passe, etc.) dans un courriel non sollicité.
– Bien régler les paramètres de sécurité de toutes les applications utilisées;
– Éviter de partager du contenu sensible (ex. carte de crédit, informations personnelles);
– Une photo partagée sur internet est très difficile, voire impossible à supprimer définitivement après coup et sera probablement vue par des centaines d’utilisateurs, même si le profil est sécurisé. Vous ne seriez pas à l’aise avec le fait qu’une photo se retrouve sur l’écran géant du Centre Vidéotron? Mieux vaut la garder pour vous (source : SPVQ)!
Un mot sur la cyberintimidation
C’est probablement la conséquence « technologique » la plus négative. Bien qu’elle ait toujours été inacceptable, l’intimidation se déroulait jadis (oui, les intervenants vieillissent, eux aussi) en personne à l’école, sur le trajet de la maison, ou encore dans l’autobus. Aujourd’hui, la victime ne trouve pas la paix lorsqu’elle arrive chez elle : l’intimidation se poursuit sur son cellulaire et sur son ordinateur. Il est maintenant possible de partager des photos intimes, messages haineux et autres d’un simple clic. Ce nouveau visage de l’intimidation en a fait un phénomène encore plus redoutable, et les conséquences en sont multipliées. Si cela peut vous rassurer, les services de police prennent cette situation très au sérieux et toute menace de partage de photo non consentie ou extorsion est considérée comme une intervention prioritaire par les enquêteurs. De plus, l’école a le devoir d’intervenir même si les événements surviennent en dehors des heures de classe ou de son terrain.
Encadrer mon enfant dans l’univers virtuel
Il peut paraître délicat d’encadrer son enfant sur un sujet que l’on ne maîtrise pas très bien soi-même. L’important est d’y aller selon vos valeurs et vos limites, comme pour n’importe quel autre domaine. Ces quelques pistes pourraient vous guider :
– Intéressez-vous à ce que votre jeune fait sur internet, aux jeux auxquels il joue, aux vidéos qu’il regarde, etc. afin de favoriser le maintien de la communication.
– Soyez disponibles et rassurants. Surtout, ne jugez pas votre enfant : rien de pire pour un jeune ayant fait une gaffe que d’avoir peur, en plus, de la réaction de son parent! Il risque alors de masquer son action en faisant d’autres erreurs au passage et d’aggraver la situation. Vous serez sans doute (avec raison) en colère et vous aurez l’occasion de le manifester plus tard. Pour l’instant, le premier réflexe de votre enfant devrait être de se tourner vers vous et de compter sur votre soutien, peu importe la raison.
– Éduquez votre enfant sur les risques, avantages et inconvénients du web et aidez-le à ajuster ses paramètres de sécurité. Sensibilisez-le à la cyberintimidation et à la responsabilité de ce qu’il fait, dit ou partage en ligne. N’hésitez pas à vous informer si vous manquez vous-même de connaissances à cet effet.
– Montrez l’exemple : il vous sera difficile de convaincre votre jeune de diversifier ses activités si vous passez vous-mêmes beaucoup de temps en ligne!
– Tentez de trouver l’équilibre entre l’absence de surveillance et une trop grande ingérence; votre jeune a aussi besoin de son autonomie et de sentir que vous lui faites confiance. Il est pertinent de prévoir des périodes où les écrans sont permis et d’autres où les appareils ne sont pas accessibles (ex. repas, 1h avant le dodo, sorties familiales, heure des devoirs, etc.). Le fait d’inclure votre jeune dans l’établissement des règles facilitera son adhésion à celles-ci par la suite.
– Demandez de l’aide si requis : vous vous inquiétez pour votre enfant? Plusieurs ressources existent. Vous pouvez aussi contacter un intervenant du Centre de la Famille Valcartier, qui verra à vous offrir un accompagnement personnalisé.
Mon ado virtuel – partie 2
Le prochain article traitera plus spécifiquement du temps d’écran et des inquiétudes manifestées par les parents à ce sujet.