Il faut faire un bout de chemin sur l’autoroute 20 vers l’est pour se rapprocher de Bruno. Rendu dans le coin de Trois-Pistoles, il faut avoir de bons contacts pour se rendre jusqu’à sa porte.
Bruno est un ancien militaire de 47 ans. Il reste avec Manon, sa conjointe et Jérémy leur garçon de 16 ans. Ils ont trouvé une jolie maison ancestrale construite un peu en retrait de la route, discrètement nichée derrière des arbres matures. Ils habitent dans le Bas-St-Laurent depuis 3 ans. En fait, depuis que Bruno a été libéré des Forces armées canadiennes. Bruno y pensait depuis longtemps : après l’armée, il allait rentrer chez lui, retourner là où il a grandi. Pour lui, c’était nécessaire, c’était vital.
Seuls, ensemble
Les détails de sa séparation avec les Forces ne sont pas connus, Bruno est un gars qui ne parle pas beaucoup, sauf avec sa blonde, mais encore là, les grandes discussions ne sont pas monnaie courante dans le couple. On n’a qu’à côtoyer Bruno et Manon un tant soit peu pour rapidement ressentir que quelque chose pèse sur les épaules du vétéran. Cette lourdeur est palpable au quotidien, Manon pourrait vous en parler longtemps. Elle a parfois l’impression d’être seule dans son couple, drôle d’impression n’est-ce pas?
La douce vie?
Il faut aussi voir le bon côté des choses. La vie est quand même très douce dans le Bas-St-Laurent. La campagne a son charme et ses avantages : le calme, l’air pur, l’impression que le stress est une notion qui appartient aux grandes villes. Côté travail, Bruno a toujours été habile pour réparer toutes sortes de choses. De fait, dans son coin de pays, certains lui offrent différents petits boulots à droite, à gauche. Ça l’occupe, ça paye un peu. Pour Manon, c’est différent. La pandémie l’a emmené décrocher un travail qu’elle peut faire à distance. Pratique, mais à la différence de son chum, Manon a davantage besoin de voir du monde. Il lui arrive de plus en plus régulièrement de penser à sa vie d’avant, à Québec. Les visites chez ses parents, les fameux soupers avec les copines de longue date et surtout les sorties avec Julia. Julia c’est sa grande fille qu’elle a eue d’une union précédente quelques années avant de rencontrer Bruno. Julia a maintenant 19 ans, elle a commencé sa vie d’adulte et poursuit ses études au Cegep de Lévis, après c’est l’université… Pour Manon juste l’idée d’aller flâner dans les magasins avec elle ou de sortir au resto avec sa grande est un doux souvenir qu’elle aimerait bien ramener plus souvent à l’ordre du jour, dans sa vie réelle.
Manon est persuadée que le jour n’arrivera jamais où Bruno voudrait plier bagage et repartir à neuf ailleurs. En réalité, quand Manon y pense bien, c’est tout un monde qui semble la séparer de son ancienne vie. La vie de reclus a perdu de son attrait au fil du temps. On finit par se sentir loin des nôtres, même l’argent commence à faire rare et ça devient aussi un enjeu. Tellement de choses à régler sans même savoir comment ni par où commencer.
Un coup de main inattendu
Le printemps dernier, Manon s’est rendue au CLSC près de chez elle. C’est en discutant avec une infirmière qu’elle a entendu parler du Centre de ressources pour les familles militaires Valcartier. Elle connaissait le nom, sans plus. L’infirmière lui a parlé nombreux services gratuits proposés aux familles de militaires ainsi qu’aux vétérans eux-mêmes! Les personnes qui demeurent en régions éloignées peuvent opter pour les services en virtuel. Toute une nouvelle!
L’espoir fait vivre
Manon est rentrée chez elle la tête remplie d’espoirs. Installée devant son ordinateur elle a parcouru le site du CRFMV. On aurait dit que plusieurs de ses problèmes pouvaient enfin trouver une solution! Le service d’aide à l’emploi pourrait peut-être aider Bruno à reprendre pour de bon le marché du travail, les conseillers d’orientation peuvent même analyser ses compétences acquises dans les Forces et l’aider à trouver des équivalences dans le marché de l’emploi au civil. Manon a noté les nombreux ateliers et formations du Programme pour les familles de vétérans. Elle a aussi lu que le CRFMV propose des consultations pour le couple. Un service qui n’est pas passé inaperçu. Quelques rencontres avec un intervenant professionnel et qualifié pourraient grandement aider son couple à poursuivre son chemin main dans la main. Le Centre de ressources pour les familles militaires Valcartier n’allait peut-être pas tout régler d’un coup de baguette magique, mais… là, enfin, on peut dire qu’il y a de l’espoir.
Quand la roue se met à tourner du bon bord
La famille a rapidement été pris en charge par le Centre et les consultations ont porté fruit. Bruno sort de sa coquille tranquillement et la lourdeur qui était palpable au quotidien se dissipe de plus en plus chaque jour. Les perspectives au niveau emploi sont plus qu’encourageantes, le couple projette de sortir plus souvent et de se trouver des activités qui les rapprochent. Visiter la famille plus souvent est aussi dans les projets à court terme. Le CRFM Valcartier a aussi orienté Jérémy vers des organismes jeunesse dans son secteur histoire de changer d’air et voir des nouveaux visages. On dirait bien que toute la famille respire mieux.
Vous êtes membre d’une famille de vétéran? Vous êtes vétéran? Le CRFMV est là pour vous.
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